Bien qu’ils soient difficiles à entretenir, les cheveux crépus sont l’essence même de la communauté noire et ce qui nous représente le plus. Que la chevelure soit indomptable, en coupe afro, tressée, emmêlée ou avec la grâce et la félinité d’une crinière soyeuse, elle est le symbole de notre fierté malgré les répressions qu’elle a pu subir à travers les âges.
Car si jamais il fallait une autre raison, la nature de ce cheveu particulier a été une raison de brimer encore davantage les populations. C’est par exemple le cas au temps de l’esclavage où les hommes blancs n’ont pas hésité à couper les cheveux des hommes et des femmes afin de garder leur contrôle sur les esclaves.
Ainsi, les Européens eurent plus de facilité pour briser la culture Africaine et instaurer leurs normes, en effet, les membres des tribus avaient des coiffures plus ou moins travaillées afin de montrer leur niveau social.
L’origine du cheveu frisant
Ces poils crépus ont une texture naturelle qui est particulière et propre aux populations d’Afrique. Les brins du cheveu afro poussent dans une forme d’hélice ressemblant à un ressort. De ce fait, comparé aux autres cheveux, les cheveux crépus semblent plus denses.
Cette courbure du cheveu frisé est sans doute due à une asymétrie imposée aux follicules pileux. Les cellules de production de la kératine prolifèrent davantage d’un côté. Cela contraint la racine à gonfler plus intensément de ce côté. C’est toute la différence avec les cheveux lisses européens dont les cellules de production sont réparties symétriquement autour de la racine.
La structure en S acquise par la chevelure crépue se répercute sur la tige. Elle permet l’apparition des boucles et l’aplatissement du cheveu. La frisure naturelle du système pileux ainsi créé permet de ne pas exposer le cuir chevelu aux rayons UV plus intenses des climats Africains plus chauds. Cette coiffure si particulière serait donc une adaptation évolutive contre les rayons nocifs du soleil !
Une éducation capillaire à refaire
Dans son livre André Talks Hair, André Walker, coiffeur afro-américain réputé a fait sa propre classification de cheveux. De 1 à 4, il classe les poils en tant que lisses, ondulés, bouclés puis frisés, schémas à l’appui. Les cheveux crépus sont considérés comme tels à partir de la catégorie 4. Le coiffeur qualifie également ce cheveu comme « peu brillant, plus sec et plus fragile que les autres types ».
En France, il est de notoriété commune que la coiffure des cheveux crépus n’est pas bien enseignée dans les écoles et les salons. Elors qu’ils nécessitent des soins particuliers ! En effet, le follicule crépu produit très peu de sébum. Et c’est pour cela qu’il est par essence sec et déshydraté.
Comme nous l’avons vu précédemment, le cheveu crépu est ondulé pour bloquer les rayons du soleil des climats Africains. Il est donc très sensible aux autres climats, notamment Européen qui est froid et humide. Il faut donc les nourrir plusieurs fois par semaine à coup de soins capillaires. Ceci afin de les protéger et éviter les cassures et chutes de cheveux. Ils sont également sujets au rétrécissement au contact de l’eau et de l’humidité (aussi appelé shrinkage en anglais). Tout cela fait que nous devons redoubler d’attention pour prendre soin de nos cheveux et leur donner la forme qui nous plaît le plus.
Un cheveu difficile, mais une beauté jalousée
Malgré tous ces désavantages face à la routine du quotidien pour les soins capillaires, l’histoire nous rappelle que les femmes blanches ont souvent jalousé les femmes noires qui jouissaient d’une beauté si particulière.
Prenons l’exemple de la Louisiane en 1789, avec la loi Tignon. Elle fut votée afin d’interdire aux femmes noires (qu’elles soient esclaves ou non) d’avoir des coiffures « extravagantes ». Elles devaient donc se couvrir la tête afin de garder l’ordre social de l’époque.
Plus récemment, un steward d’Air France avait été débouté aux prud’hommes car la compagnie refusait de le laisser de porter ses tresses Africaines pendant son temps de travail. Cette discrimination pour ses nattes n’a donc pas été reconnue par la justice… Plus de deux siècles après la loi Tignon.
Ce genre de mésaventures n’a pas empêché la communauté noire de garder sa fierté… Et toute la beauté de sa chevelure aux cours des siècles d’esclavage et de répression.
Dans les années 2010, le mouvement « nappy » a vu le jour grâce aux femmes noires. Cela les incitait à garder leurs cheveux dans leur état naturel. Et cesser de lisser pour européaniser les coiffures. Le cheveu crépu n’aurait jamais dû et ne doit plus être perçu comme « sale ». Il ne doit en aucun cas faire honte.
Si les cheveux crépus font partis de l’histoire de l’Afrique, il en est de même pour d’autres symboles, comme le Wax.