À une époque où femmes et hommes devraient contribuer de manière égale pour le développement de leur pays, force est de constater que dans de nombreuses sociétés, la capacité de la femme à y contribuer pleinement est entravée par de multiples obstacles, comme avec les mariages précoces.
Parmi ceux-ci figurent les mariages précoces qui relèguent et confinent les jeunes filles qui y sont soumises, à une vie matrimoniale prématurée, inadaptée, non choisie et les empêchant de se développer pour devenir une femme accomplie.
Le mariage précoce est une pratique ayant existé depuis des centaines et des milliers d’années et concerne plus les filles que les garçons. Le fait est que cette pratique est en tout point inadaptée au sein de la société actuelle.
Des enfants encore victimes des mariages précoces
Bien que la plupart des pays interdisent légalement le mariage impliquant un enfant ou un adolescent, la réalité est tout autre et va à l’encontre de ces dispositions légales. Dans certaines régions comme l’Asie du Sud, le Moyen-Orient ou encore l’Amérique du Sud, cette pratique est tout à fait courante. Mais le taux de mariage précoce le plus élevé revient à la région de l’Afrique de l’Ouest. Elle comporte 6 des 10 pays présentant un taux de mariage précoce supérieur à 50%.
Malgré les disparités et les inégalités des chiffres au sein de la région de l’Afrique de l’Ouest et au sein même de chaque pays, les bureaux régionaux de l’UNFPA et de l’UNICEF ont pu établir un chiffre global : le cas de mariage précoce en Afrique de l’Ouest et de l’Afrique central est d’environ 41%, ce qui implique 4 filles sur 10 et environ 60 millions de filles. Les enquêtes démontrent également que le Niger affiche le taux de prévalence le plus élevé avec 76%, dont les plus touchées sont les filles vivant dans les zones rurales et issues de familles ayant un faible niveau de vie. On est loin des filles d’Abidjan qui draguent sur les réseaux…
Les traditions et la pauvreté en cause
Ainsi, en ce qui concerne le cas du Niger, les causes de ce taux élevé sont multiples. Parmi ceux-ci, nous pouvons citer le respect des certaines valeurs traditionnelles et morales. Au Niger, les filles atteignant l’âge de la puberté sont déjà considérées comme étant des femmes. La virginité d’une fille est un état qu’il faut préserver à tout prix avant le mariage. De cette virginité dépendra l’honneur de la famille. Avoir un enfant hors mariage est donc très mal vu au sein d’une société nigérienne. Et le fait est que se marier est un moyen pour une fille de s’élever dans le rang social. Ainsi, dès que la fille atteint l’âge de la puberté, sa famille choisit de la marier, afin d’éviter ce risque de déshonneur.
La pauvreté influe aussi énormément sur cette tendance au mariage précoce. Afin d’amoindrir les charges, les familles préfèrent marier les filles atteignant l’âge de la puberté. Et en général, ce mariage permet également à la famille de la jeune mariée de s’enrichir et de conclure une alliance avec la famille du marié. Il ne faut pas également oublier que la pauvreté a un impact sur la qualité de l’éducation, que ce soit au niveau de l’infrastructure, du nombre et de la compétence des professeurs, ou de la qualité des connaissances et des compétences acquises. Les échecs scolaires et le chômage qui attend les jeunes diplômés découragent les jeunes et notamment les jeunes filles à continuer leurs études. Le mariage est donc la seule alternative.
Le mariage précoce, facteur d’appauvrissement et de misère humaine
Pourtant, le mariage précoce n’est pas sans conséquence. Il entraine souvent une violence et un abus sexuel. Les grossesses précoces exposent les jeunes filles à de nombreux problèmes de santé telle que la fistule obstétricale. D’ailleurs, la grossesse précoce est l’une des causes de mortalité chez les jeunes filles de 15 à 19 ans. Le mariage précoce constitue également un obstacle pour les jeunes filles. Il les empêche de continuer leur scolarité, de s’épanouir et de devenir les actrices du développement économique de leur pays.
De ce fait, les mariages précoces sont un élément qu’il faut à tout prix éliminer. Pour que la région de l’Afrique de l’Ouest et en l’occurrence, pour que le Niger puisse se développer. Cela passe notamment par la sensibilisation et des parents et des autorités locales. Il faut sensibiliser les enfants et les jeunes concernant leurs droits. Il faut également lutter pour l’égalité homme-femme et faciliter l’accès à une éducation de qualité pour tous les enfants. Bien évidemment, sans l’intervention du gouvernement, ces mesures ne seront pas réalisables.